TAÏWAN - Actualité (1990-1996)

TAÏWAN - Actualité (1990-1996)
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«République de Chine»

Politique intérieure

Le 21 mars 1990, Lee Teng-hui, seul candidat et président sortant, est élu par les députés président de la République.

Le 21 décembre 1991, les Taïwanais élisent une nouvelle Assemblée nationale, appelée à réviser la Constitution. Le Parti progressiste démocrate (D.P.P.), qui a fait campagne en faveur de l’indépendance de l’île, n’obtient que 23 p. 100 des suffrages, alors que le Kuomintang (K.M.T.), au pouvoir depuis 1949, en remporte 71 p. 100 (plus des trois quarts des sièges).

Le 19 décembre 1992, les élections législatives sont marquées par le net recul du K.M.T., qui n’obtient que 96 des 161 sièges du Parlement. Avec 50 élus, le D.P.P. effectue une percée. Les 15 derniers sièges reviennent à des candidats indépendants. Ces résultats provoquent une vive inquiétude en Chine populaire. Ils déstabilisent le K.M.T., en proie à des divisions internes et dont les malversations ont été dénoncées par l’opposition durant la campagne électorale.

Le 10 août 1993, fondation du Nouveau Parti par 7 députés du K.M.T., rassemblant de jeunes «continentaux» opposés à la politique d’indépendance de fait de Taïwan menée par Lee Teng-hui. Il s’agit de la première scission de ce parti depuis sa formation en 1912.

Le 18 août, au cours du XIVe congrès du K.M.T., le président Lee Teng-hui est réélu à la tête du parti.

Le 3 décembre 1994, l’élection des maires des 2 principales villes et du gouverneur de l’île est marquée par l’essor du D.P.P., qui est favorable à l’indépendance de Taïwan par rapport à la Chine continentale. Son candidat l’emporte dans la capitale, Taïpei. Le K.M.T. ne conserve les 2 autres postes en jeu qu’à une faible majorité. Le Nouveau Parti, issu du K.M.T. et plus attaché que ce dernier au dogme de la réunification des 2 Chine, ne parvient pas à s’imposer.

Le 2 décembre 1995, le K.M.T. conserve de justesse la majorité absolue au Parlement en remportant 45,3 p. 100 des suffrages et 85 sièges sur 164. Le D.P.P. conforte sa position, avec un tiers des voix et 54 élus. Avec environ 13 p. 100 des suffrages et 21 députés, le Nouveau Parti chinois effectue une percée limitée. Le taux de participation est supérieur à 67 p. 100.

Le 23 mars 1996 a lieu la première élection présidentielle au suffrage universel sur un territoire chinois, terme du processus de démocratisation engagé depuis l’abolition de la loi martiale, en juillet 1987. Le président sortant Lee Teng-hui est réélu avec près de 54 p. 100 des voix. Le candidat indépendantiste Peng Ming-min obtient environ 21 p. 100 des suffrages. Les 2 autres candidats, partisans d’un rapprochement avec la Chine, se partagent le quart des voix restant. Le Premier ministre Lien Chan est élu vice-président.

Vie économique

En 1990, la croissance économique se ralentit, en raison notamment du raffermissement du dollar taïwanais sous la pression des États-Unis. Les excès de la spéculation à la hausse, qui culminent en février, entraînent un krach boursier.

En 1991, l’économie se redresse laborieusement grâce aux exportations et à l’investissement public. En juillet, un plan de développement national est adopté afin de moderniser les infrastructures de l’île. La perspective d’importants contrats peut inciter certains pays à se rapprocher sur le plan diplomatique de Taïwan, qui cherche toujours à échapper à son isolement.

En 1992, les étrangers sont autorisés à investir dans 283 secteurs qui leur étaient interdits depuis 38 ans.

En 1993, les autorités réorientent vers l’économie de l’île les investissements privés attirés jusqu’alors par le boum économique chinois.

En 1994, l’économie de Taïwan continue de s’ouvrir aux capitaux étrangers dont l’afflux croît. Sous la poussée de la consommation, les importations augmentent et l’excédent commercial poursuit sa baisse. La diminution des dépenses de l’État, sous l’effet de la politique d’assainissement des finances publiques, n’empêche pas le déficit budgétaire de s’aggraver. La crise de la Bourse de Taïpei, qui a perdu 7,8 p. 100 entre le 5 et le 7 octobre, illustre la faiblesse du système financier qui régit cette place.

En 1995, la croissance fléchit, le dynamisme des exportations ne parvenant pas à contrebalancer le ralentissement de la consommation des ménages. Les fluctuations du yen perturbent l’activité du secteur privé. Les résultats des investissements dans les secteurs à haute valeur ajoutée ne compensent pas encore l’effet de la baisse de la compétitivité dans les domaines nécessitant une main-d’œuvre abondante. Les autorités appliquent des politiques monétaire et budgétaire plus stimulantes. Plusieurs scandales agitent les milieux financiers.

En 1996, la crise sino-taïwanaise explique en partie la diminution de la croissance. Toutefois, la logique des affaires reprend le dessus après l’élection présidentielle dans l’île. Le coût salarial et le prix des terrains accélèrent un phénomène de délocalisation, que le gouvernement tente de limiter.

Relations internationales

Le 14 mars 1991, le gouvernement adopte les «lignes directrices pour la réunification nationale», qui proposent un processus graduel pour unifier la Chine. En attendant un geste de réciprocité, Taïpei refuse l’établissement de liaisons directes entre les 2 rives du détroit de Formose.

Le 30 avril, le gouvernement met fin à «la période pour la mobilisation et la suppression de la rébellion communiste», déclarée en 1948, ce qui revient à reconnaître de facto la république populaire de Chine.

Le 2 septembre 1992, le président Bush lève l’embargo qui pesait sur les ventes d’avions F-16 à Taïwan depuis un accord sino-américain de 1982. Le 13, le gouvernement de Taïpei annonce la commande de 150 F-16. Le 18, Taïwan signe avec Dassault Aviation un contrat pour l’achat de 60 Mirage 2000.

Du 27 au 29 avril 1993, à Singapour, premiers contacts directs depuis 1949 entre des représentants officiellement mandatés par les autorités de Pékin et de Taïpei.

Le 12 janvier 1994, la France, qui cherche à normaliser ses relations avec la Chine populaire, annonce qu’elle ne signera pas de nouveaux contrats d’armement avec Taïwan. Le 14, le gouvernement taïwanais se déclare prêt à lever l’interdiction d’importer du riz si son pays est admis à faire partie du G.A.T.T.

Le 8 juin 1995, Lee Teng-hui entame une visite «privée» aux États-Unis, la première d’un président taïwanais depuis la rupture des relations diplomatiques entre Washington et Taïpei, en 1979, et l’établissement de relations avec Pékin. Cette visite est vivement dénoncée par la Chine qui y voit la preuve de la volonté d’indépendance de l’île et du soutien que Washington lui manifeste dans cette perspective.

Du 21 au 26 juillet, dans le cadre de manœuvres militaires d’une ampleur exceptionnelle, l’armée chinoise effectue des tirs de missiles démunis de charge à quelque 150 kilomètres au nord de l’île nationaliste. Ces mesures d’intimidation, qui se poursuivent les mois suivants, visent à prévenir toute tentative, de la part de Taïwan, de renforcer son autonomie sur la scène internationale.

Le 8 mars 1996, à l’approche de la date de l’élection présidentielle dans l’île, la Chine entame une nouvelle campagne de tirs de missiles non armés aux abords de Taïwan, simulant le blocus des 2 principaux ports. Le 12, Pékin engage des manœuvres aéronavales dans le détroit de Formose. En réaction, Washington annonce l’envoi dans la zone de 2 porte-avions qui n’entreront finalement pas dans le détroit.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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